L'Université du Luxembourg contribue à l'événement ESCH2022 avec Petite Maison, un projet architectural collaboratif sur le thème de la circularité.
Conçue et réalisée sous la direction de l'architecte et professeure invitée Carole Schmit, en collaboration avec Dragos Ghioca architecte chargé de recherche au Master en architecture (FHESS), le Prof. Christoph Odenbreit (FSTM), avec le soutien de frEsch.asbl et du LIST, Petite Maison est coproduite grâce à l'apport en nature d'un grand nombre de partenaires professionnels du Luxembourg et de la Grande Région.
Performance à l'échelle 1:1, Petite Maison est ouverte au public pendant une période de 9 mois divisée en trois phases : Construction, Exposition et Déconstruction. Chaque élément de construction est lié à une base de données virtuelle et reste disponible pour être réutilisé après 2022.
Une sculpture éphémère
Petite Maison se positionne comme une sculpture éphémère sur le campus en face de la Maison du Savoir sur la Place de l’Université à Belval afin de proposer aux visiteurs et aux usagers du site un lieu d’accueil et de rencontre sur l’art de la résilience et de la circularité au sens large. Petite Maison est construite avec des matériaux de récupération, de seconde main ou recyclés, ainsi qu’avec des matériaux, produits et matières premières renouvelables et/ou à haut potentiel de réutilisation.
Il y a 100 ans, Le Corbusier a conçu et fait construire pour ses parents une petite maison au bord du Lac Leman. Il présenta ce projet comme un manifeste, car contrairement à l’usage, il avait créé un plan et ensuite cherché un terrain pour l’implanter. Petite Maison à Belval est également conçue comme un manifeste. Elle a été créée suivant une logique rigoureuse d’éléments aux dimensions et caractéristiques précises avant de trouver sa position dans le site. Pourtant elle ne promeut pas la maison comme machine à habiter, mais une expérience de vie dans une relation sensée et sensuelle avec les matériaux qui la composent.
L’enjeu des ressources matérielles
La thématique des ressources est primordiale, car source de conflits mondiaux et de détresse environnementale à l’échelle planétaire. Dans ce sens, Petite Maison fait suite à l’exposition All we need dans le contexte de la capitale européenne de la Culture de 2007. A l’époque, le rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) commençait enfin à toucher les médias internationaux et le grand public. Nous avions alors pris conscience que nos ressources étaient limitées et devaient être protégées contre des menaces grandissantes, notamment climatiques. Il fallait communiquer et partager pour convaincre. Aujourd’hui la population et les responsables politiques ont compris qu’il faut agir.
Tous ont compris que le futur ne se présentera pas dans la continuité avec ce que les générations de l’après-guerre ont connu. Beaucoup sont conscients de l’extrême urgence et savent que l’heure a sonné pour des changements radicaux. Or la population ne s’est pas véritablement résolue à changer les modes de vie actuels, puisque ni les institutions, ni le monde économique, ne sont suffisamment déterminés pour mettre en place les changements nécessaires tout en créant l’envie pour le changement. Donc la question demeure : qui est en mesure de changer ?
Petite Maison tente de répondre à cette question, de façon partielle et subjective. Belval est un lieu de formation et de recherche, avec une population aussi bien locale et internationale. Ce mélange naturel des nationalités et des traditions académiques est le propre de l’ADN de l’Université du Luxembourg. Sa population représente un bel échantillon de la population mondiale éduquée et sert comme ambassadeur. En effet le changement s’opère en coopération et grâce à l’investissement massif, surtout de ceux qui en ont le pouvoir, donc de ceux qui détiennent le savoir et les moyens.
Une communauté de concepteurs
Ensuite, le site de Belval témoigne de cette particularité européenne à créer de la ville par stratification. Or la ville européenne est une histoire de construction, de démolition, de reconstruction, bref, de transformation sur fond contextuel et historique. Le projet de la petite maison contribue à raconter cette histoire. Elle crée le lien entre les territoires et les époques qu’ils traversent. Il est un fait que le changement ne se fera pas qu’à petites doses, mais à l’échelle mondiale.
Petite Maison réunit ainsi depuis des mois, en fait depuis des années maintenant, une communauté motivée pour collaborer ensemble autour de la conception, de la construction et de la déconstruction. Elle est composée par des chercheurs, étudiants et professeurs de l’université et des centres de recherches, des organisations publiques et privées ainsi que des bureaux d’étude, des entreprises et des fournisseurs. Chacun participe à hauteur de ses compétences et des moyens qu’il souhaite partager et mettre à disposition. La communauté souhaite s’adresser au plus grand nombre et partager son expérience avec le public de Esch 2022. Tous partagent une vision commune sur les transformations culturelles, économiques et technologiques à opérer dans le futur pour améliorer sensiblement le sort de nos ressources planétaires.
Un concept précurseur
Petite Maison est précurseur sur le territoire qu’elle occupe. En effet pour le moment, il n’existe pas de marché de produits et de matériaux de construction seconde main dans la région du Luxembourg. Ce vide est bien le signe d’un manque de préoccupation véritable du pays pour régler la question de l’accès aux ressources. Or le sud du pays présente les caractéristiques d’un terreau fertile pour ce type de culture d’entreprise, du fait que grand nombre de sa population immigrée travaille dans le secteur de la construction.
Petite Maison montre à quoi l’architecture du futur peut ressembler, quelle attitude les concepteurs devront adopter pour rendre les principes de constructions circulaires à la fois abordables et attirantes pour ses utilisateurs. La vue sur les boulons, le soin apporté aux fixations, l’attrait des finitions de matériaux bruts font partie du langage à assumer pour enfin montrer comment les bâtiments fonctionnent et délivrent ce qu’on attend d’eux. Un nouveau champ esthétique s’ouvre au monde de l’architecture et de l’ingénierie.
L’approche collective du projet aura vocation de faire école en mettant en évidence la nécessité de créer des lieux d’échange, de recherche et de formation capables de transmettre le savoir aux entreprises, aux institutions et au public. Le caractère éphémère de Petite Maison présente un cadre plus souple, permettant de fédérer à toute petite échelle les différents acteurs impliqués dans le monde de la conception et de la construction, pour tenter de trouver les processus appropriés au développement de nos espaces de vie peu à peu résilients. Le projet intègre les réflexions quant au changement des mentalités en valorisant le progrès technique et technologique (digitalisation, recherche des matériaux et modes de construction…) toujours sur fond humain, artistique et contextuel.
Petite Maison et ses alentours
Petite Maison est un lieu accessible de plain-pied, directement en lien avec l’espace public. Elle reflète les valeurs d’intégration comme le métissage, résolument portées sur le futur à travers une démarche à l fois économique en matière d’identification des besoins et novatrice sur le plan méthodologique, technologique et artistique. La maison est construite en marge de la Place de l’Université devant la Maison du Savoir, dans l’axe de circulation entre le parvis et le parking, à hauteur du talus. Cet emplacement présente l’avantage de se positionner de façon visible pour les piétons sans pour autant perturber les aménagements existants. La maison vise une empreinte la plus minimale possible pour réduire son impact et faciliter sa disparition.
Une pépinière éphémère fait partie du projet. 41 arbres sont placés temporairement devant Petite Maison pour créer un espace végétal, ombragé et plus intime, pour les visiteurs. Ces arbres, seront replantés par Agora sur le Central Square au terme de l’hiver 2022/2023, afin de planter leurs racines dans leur terre d’accueil permanente. La pépinière contribue bien évidemment à l’amélioration du climat local en réduisant les températures par l’ombre portée de ses sujets. Par ailleurs elle adresse le sujet de la temporalité. Pour rendre les espaces habités et les environnements parfois menacés plus résilients, des interventions de courte ou de moyenne durée, permettent de rapidement améliorer la situation, en attendant que les projets d’envergure et de nature « permanente », se mettent en place.

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En conclusion
Petite Maison promeut une architecture au caractère flexible, la circularité comme mode de conception qui ne cède pas au niveau de la contextualisation, sur base d’une production à l’échelle régionale dans la mesure du possible. Ainsi le plus grand nombre (particuliers, créateurs, entreprises, investisseurs…) peut participer à la question de l’accès aux ressources, avec moins d’incertitude face à la saturation du marché globalisé.
La question de la propriété est également un sujet (politique) important dans ce projet. Car nombreux sont ceux qui pensent que les acquisitions concernent des produits-services, à remplacer éventuellement par de la location ou du leasing, souvent au profit des multinationales et de grands acteurs économiques. Petite Maison s’adresse aussi aux familles, aux individus lambdas qui souhaitent avoir leur part et ne pas dépendre de la concentration des ressources aux mains d’une minorité. Et au-delà de la population humaine, un équilibre reste à trouver sur la répartition des ressources et leur partage entre toutes les espèces vivantes.
Petite Maison souhaite faire de la circularité un sujet de société, qui permet à chacun de réfléchir à ses propres besoins et aspirations, aux questions d’échelle et d’interdépendance, au soin à porter aux matériaux, aux services et enfin à ce et ceux qui nous entourent.
Petite Maison – Communiqué de presse – 25.07.2022

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